Pablo Iglesias : la guerre est finie !
jeudi 24 décembre 2015, par
Belle évocation de macédoine-puré de faits du passé pour faire avaler des couleuvres !
Les jeunes démagogues ont pour eux qu’ils n’ont pas été pris dans des guerres atroces, comme les célébrités qu’ils évoquent !
Mais on évoque pas en vain des personnes qui ont choisi, parfois, le mensonge, la démagogie ou le silence devant des crimes de leurs "camarades".
Et l’excuse banale consistant à dire : "on ne pouvait pas faire autrement !, qu’auriez-vous fait à leur place ?" permet de tout justifier.
De Robespierre à Lénine, oui ! Il fallait tuer en masse pour sauver la révolution !
L’inquisition, le génocide fasciste catholique espagnol de 1936, continuer plus lentement de 1937 à 1950 ... oui ! C’est à ce prix que la religion chrétienne a été préservée !
Le nazisme, les chambres à gaz, oui ! Le sort de l’Allemagne et de la "race" [qui n’existe toujours pas] blanche était en jeu [et aujourd’hui il est en berne] !
Abattre, aux États-Unis, des partisans de l’avortement, oui ! Nous protégeons la vie contre ses ennemis !
Les valeurs de la démocratie et de la culture françaises renforcées par les lois d’exception et la déchéance de nationalité ! oui ! C’est la voie que suit la France pour garder sa place dans le monde !
Frank, 24.12.15
Pablo Iglesias : la guerre est finie !
Nestor Romero, 23.12.15
https://blogs.mediapart.fr/nestor-romero/blog/231215/pablo-iglesias-la-guerre-est-finie
• Inutile de tergiverser, ce n’est pas faire la fine bouche que de constater un fait : Podemos n’a pas atteint son objectif. On se souvient : « salimos a ganar ! » (encore une formule footballistique… nous sommes partis pour gagner !) et gagner cela signifiait parvenir au pouvoir, « nous ne sommes pas là pour faire 20%, disaient-ils aussi, nous sommes là pour prendre la Moncloa » (le palais du président du gouvernement). Puis, il est vrai, l’objectif se fit plus modeste : faire mieux que le PSOE. C’est presque ça, mais seulement presque.
Mantras postélectoraux
Pour autant nul ne s’aventurera à nier ou à méconnaître cet autre fait : Podemos a bouleversé le paysage politique de l’Espagne et les fondateurs du parti ont su saisir avec intelligence l’opportunité historique qui s’offrait à eux à partir de l’irruption du Mouvement du 15-M. Mais il est faux d’attribuer le succès de Podemos à la seule intelligence politique et à l’absence de passé politicien de ses fondateurs.
Jamais ceux-ci n’auraient pu faire ce qu’ils ont fait sans le mouvement des « Indignés », auquel ils ont évidemment participé, et jamais ce mouvement ne se serait produit sans l’activité militante de tous ces groupes d’activistes qui depuis des années agissent sur des faits sociaux concrets dont le plus connu maintenant est celui des « desahucios » (expulsions des logements) et dont la militante la plus connue désormais est Ada Colau.
Inutile également de nier la déception qui altérait les traits de ĺñigo Errejón lors de son intervention dimanche après la publication des premières estimations, déception dont José Luis Cazador, journaliste et « expert en communication politique », rend compte dans Publico.es (site qui soutien activement Podemos) en ces termes sous le titre « Sur les mantras postélectoraux » :
Ce n’est pas un mauvais résultat. Le parti n’a que deux ans d’existence. Ce n’est pas un mauvais résultat. Les sondages vaticinaient des chiffres bien plus mauvais. Ce n’est pas un mauvais résultat. Le bipartidisme vacille. Ce n’est pas un mauvais résultat. […]. Le mantra résonne dans la tête de plus d’un électeur de Podemos. Et, cependant… il est impossible d’ignorer cette sensation d’amertume qui nous envahi.
A qui la faute alors ? A la loi d’Hondt à partir de laquelle fonctionne le système électoral espagnol, pour commencer. C’est cette loi, nous raconte Cazador qui fait que Le PSOE avec seulement 2% de voix de plus que Podemos dispose de 21 sièges de plus. Ou que, à Madrid 170 000 voix soient nécessaires pour élire un député alors qu’il n’en faut que 47 000 à Soria.
Cependant cette explication est insuffisante car, calcule notre expert, les meilleurs résultats ont été obtenus en Catalogne, Galice et en Euskadi où la « confluence » a été réalisée entre Podemos et les différentes « plataformas » et autres « mareas ». De sorte montre encore Cazador que si Podemos et IU (Izquierda Unida, communistes-écolos) étaient allés ensemble aux élections, ils auraient obtenu 14 sièges de plus et si l’on tient compte du fait que nombre d’indignés issus du 15-M se sont abstenus par refus de cette basse politique, la confluence alors, sans doute, aurait dépassé le PSOE.
En outre si l’on en croit un autre exégète de ce même site, Carlos Enrique Bayo, le fonctionnement de cette loi aurait réduit le nombre de sièges du PP de sorte que l’ensemble de la gauche aurait été majoritaire.
À qui la faute ?
Bon, mais alors à qui la faute ? Aux archéos de IU et Alberto Garzón en particulier qui disposaient de onze députés et n’en ont plus que deux, ou à l’intransigeance des dirigeants de Podemos ? Qui sait ? En tout cas l’historique leader communiste Julio Anguita invite instamment Iglesias et Garzón à passer un accord aux prochaines élections qui pourraient intervenir rapidement en cas d’impossibilité pour le PP de former un gouvernement.
Pour autant on ne peut esquiver la question des abstentionnistes issus du 15-M évoquée plus haut car il m’a semblé en écoutant le brillant et parfois émouvant discours de Pablo Iglesias à l’issue de cette journée historique, vers une heure du matin, qu’il accordait lui-même une grande attention à ce phénomène.
En effet, Iglesias, laissant tomber au sol ses notes qui voltigent comme des feuilles mortes de cet interminable automne, passe en revue les personnages historiques qui ont lutté pour la cause de la liberté et du progrès social en une vaste fresque qui commence à Riego en 1820 pour aboutir à… Podemos.
Et ce n’est pas à mon avis un hasard si dans cette fresque Iglesias fait se côtoyer des communistes staliniens notoires comme La Pasionaria et Santiago Carrillo, des socialistes comme Largo Caballero, des républicains comme Azaña (Président de la république), des catalanistes comme Companys et… des anarchistes comme Buenaventura Durruti et Federica Montseny.
La guerre est finie !
Le message ainsi délivré me semble être le suivant : la Guerre est finie !, la guerre au sein du camp républicain bien sûr car pour ce qui est de l’autre « guerre » celle qui doit être menée, pacifiquement, démocratiquement sans doute, elle ne fait que commencer aux accents de « A galopar » le poème du communiste Rafael Alberti chanté par le libertaire Paco Ibáñez et repris par les militants sur la scène et la foule massée sur la place du Museo reina Sofía.
Billet après billet, je n’ai cessé d’insister sur la tension au sein de toute organisation démocratique entre le souci d’efficacité et celui du respect des principes, tension qui au sein de Podemos s’est traduite par la constitution de deux tendances, l’une, pour le dire vite, « verticaliste » et « hiérarchique », l’autre « horizontaliste » et « assembléiste », autrement dit et par référence à la première Internationale, l’une autoritaire, l’autre libertaire.
J’avais, dans une précédente chronique, raconté comment Ada Colau rendit hommage à Federica Montseny (voir video en 2:14:56) militante féministe et anarchiste, ministre de la santé en novembre 1936 dans le gouvernement du socialiste Largo Caballero. Et voici que me tombe sous les yeux un remarquable article aux accents lorquiens de Juan Carlos Monedero, le théoricien des théoriciens de Podemos, intitulé « Por ellas y por ellos ». Lui aussi tisse là une fresque où se tiennent la main ses copains d’hier, Vázquez Montalban, Labordeta… et ceux d’aujourd’hui, Pablo, ĺñigo, Carolina, Irene… en passant par Margarita Nelken !
Ce qui demande quelques explications sans doute pour qui n’est pas familier de la guerre d’Espagne : Margarita Nelken était une militante socialiste qui passe au PC en décembre 1936 après avoir été députée du PSOE depuis 1931. Féministe, elle rédige plusieurs essais sur la condition de la femme à l’instar de Federica Montseny et Lucia Sanchez Saornil, fondatrices du groupe « Mujeres libres », mais en opposition politique irrémédiable avec elles comme le furent communistes et libertaires pendant cette guerre.
Et ce n’est pas un hasard non plus si Ada Colau « l’horizontaliste » rend hommage à la libertaire Federica Montseny quand Monedero le « verticaliste » (pur et dur) salue la mémoire de la communiste Margarita Nelken. Comme ce n’est pas un hasard si Teresa Rodriguez apporte son soutien au syndicaliste libertaire Diego Cañamero en conflit avec Iglesias au moment des primaires en Andalousie, et son compagnon José Maria González place sa mandature de maire de Cadix sous le signe de Fermin Salvochea cet apôtre de l’anarchie comme on disait au 19e siècle (je profite de l’occasion pour préciser que je ne suis pas anarchiste tant j’ai horreur des dogmes, des étiquettes dont le signifiant occulte toujours le signifié et des étendards qu’ils soient tricolores, rouges, noirs, ou noir et rouge).
Tout cela, tout ce qui précède, afin de comprendre pourquoi Pablo Iglesias dans son discours de la Reina Sofia, en cette fin de journée qui restera dans l’histoire, convoque Montseny et Durruti ces « indignados » de la première moitié du siècle dernier aux côtés de Pasionara, Largo Caballero, Companys et Azaña. La guerre est finie ! Qu’on se le dise parmi les indignés abstentionnistes. Aux urnes compañeras y compañeros !